Au 61, rue du commerce…

Publié le par Tristan

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Au 61, rue du commerce…

 

 

Dans ce quartier très animé du XVème arrondissement de Paris vivait Bernadette, ma grand-mère maternelle. De chaque coté de la porte cochère : un fleuriste et tripier volailler. Au deuxième étage de ce très vieil immeuble, nichait ma chère grand-mère Bernadette, surnommée gentiment par papa « Minouchette ».

 

Ce surnom, lui allait d’ailleurs à ravir… Imaginez, une petite vieille, toujours coquette, qui se maquillait tous les jours, quelquefois un peu trop… mais pardonnons lui cette petite faiblesse des femmes qui refusent l’outrage des ans. Elle sentait à la fois le bon savon de Marseille et l’eau de Cologne… Sa petite pension de veuve de cheminot ne lui permettait pas de faire des folies.

 

Mamie Bernadette adorait ses petits enfants : je peux même dire, sans fausse modestie, que j’étais son préféré… Chaque premier de l’an, il était de tradition d’aller lui rendre visite pour les vœux. Toute la famille s’endimanchait dans des habits de circonstances…

Mon frère et moi, nous portions des culottes courtes en velours côtelé, des souliers bien cirés par papa, et sur une chemise blanche et des cravates à élastiques… sourires… mon grand plaisir était de tirer sur la cravate de mon frère et la faire claquer sous son menton, ce que lui faisait pousser des cris d’orfraie, et me valait quelques taloches de mon père. Isabelle, ma petite sœur avait ses couettes qui la faisait ressemble à un westy…et une petite robe rouge et des bas de laine blancs.

 

Dans cet équipage, nous arrivions grâce à la vieille Vedette de papa au 61 de la rue du commerce… Mon père fulminait, car déjà, dans les années cinquante, il était difficile de trouver à garer sa voiture… Et c’est souvent plusieurs pâtés de maison plus que nous trouvions de la place. Ce qui me ravissait, car, je pouvais profiter de l’animation de ce quartier de Paris et de la variété des magasins. Arrivé au 61, ma mère disait : « Jacques !... n’oublie pas d’acheter des fleurs pour ta belle mère ». La fleuriste qui connaissait bien ma grand-mère, finit par bien aimer notre petite famille. Elle nous donnait des nouvelles de Bernadette, que cette dernière, se chargerait bien de nus redonner à sa sauce…

 

Deux étages et nous entrions dans la bonbonnière de Mamie… Deux pièces… une petite cuisine avec l’équipement minimum… pas de frigo… juste un réchaud à gaz, une huche à pain et un garde manger en cois grillagé fin… une vieille cafetière en métal blanc… un moulin à café à manivelle et à tiroir…

 

Sa chambre était plus étonnante… je me souviens d’un lit immense couvert d’une montagne de coussin… au mur, un tableau représentant Dieu dans les nues… représentation impie, qui compensait avec un énorme crucifix à la tête du lit… au fond… un poste de TSF  à lampe, qui fonctionnait en permanence… Une fois, nous lui avions offert un mange-disques pour qu’elle puisse écouter ses vieux 45 tours… Elle ne s’en servit jamais. Entêtement de personne âgée.

 

Pendant cette cérémonie des vœux de nouvel ans, notre chère grand-mère s »agitait beaucoup et parlait encore plus. Elle ouvrait des tas de paquets de biscuits et autres friandises… Elle connaissait ma gourmandise pour le chocos BN… Et toujours je me goinfrais d’un paquet entier…. Papa, faisait sauter le bouchon d’une bouteille de Vouvray…  quelquefois la voisine de palier était invitée à ces agapes. Ce n’était pas totalement désintéressé d’ailleurs… Cette voisine avait, chose rare à cette époque, le téléphone… et mes parents lui avaient donné pour consigne d’appeler mon père à son usine s’il arrivait un souci à « Minouchette »…

 

Voilà encore des souvenirs qui me prennent à un âge où je serai je l’espère un jour grand père… quoique je n’encourage pas mes gosses à se marier, vu les échecs que j’ai connu…

 

Mais on peut faire des petits sans se marier… la morale a évolué… Et c’est tant mieux…

 

 

Bises à toutes

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Publié dans tranches de vie

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L
Je sens d'ici l'odeur de l'eau de Cologne de Minouchette.<br /> C'est vrai que tu racontes si joliment les choses!<br /> J't'embrasse
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T
Il est des parfums, des décors, des personnes que je ne peux oublier.... Ceux oou celles qui marquent ma vie ont tous une place dans mon grad "livre"...Me too I kiss you...
B
C'est si doux à lire tous ces souvenirs..tu sais y méler de l'émotion , de la tendresse et aussi une pointe d'humour.. ta dernière note un peu pessimiste gâche un peu l'esprit de ton article...j'espère qu'un jour tu seras un grand-père aimant ..et heureux.<br /> Je n'ai pas eu des souvenirs si gais avec ma grand-mère ..<br /> bonne semaine
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T
Evelyne !... c'est parce que j'ai un peu l'âme d'un conteur que j'écris ces souvenirs....Comme tu dis ce sont des moments d'émotions que j'aime faire partager..Bisous et bon courage
M
comment peux tu te souvenir de tout ca ? J'ai l'impression de tout avoir oublié de mon enfance... mais tu as un style tres agreable a lire, on a l impression de revoir ces photos en noir et blanc (je n'irais quand meme pas jusqu'au sepia lol) un peu à la doisneau.<br /> <br /> bisous eric.
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T
J'adore ce photographe (Doisneau)... Papa grand amateur de photo essayait de faire comme lui il y réussissait pardois... il a fait de vrais chefs d'oeuvre à Paris... J'aime écrire... j'essaie de le faire le moins mak possible...Bises Martine